"Je suis né dans la ferme de mes parents, en plein cœur du printemps pyrénéen, le 3 mai 1955. La ferme est située au fond de la vallée d’Aspe, sur un versant dont la pente est si forte qu’elle est aussi difficile à travailler. Quand arrivaient les beaux jours, mon père conduisait ses brebis en altitude, ce qu’on appelle chez nous « l’estive », au bord du lac d’Estaëns, en territoire espagnol.
À la tête d’une liste de jeunes, j’ai été élu maire de ma commune, Lourdios-Ichère, à l’âge de 21 ans. Puis conseiller général, on dit aujourd’hui « départemental », à 26 ans. J’étais un maire et un conseiller général indépendant. De 1989 à 1999, j’ai présidé le Parc National des Pyrénées et, depuis 1994, l’Institution Patrimoniale du Haut-Béarn, que j’ai contribué à fonder. J’ai présidé pendant plus de 10 ans l’association des maires des Pyrénées-Atlantiques, et encore aujourd’hui, l’association départementale des élus de la montagne.
Mon père blessé et immobilisé par une chute, j’ai assumé la charge de la très modeste exploitation familiale. Puis mon frère, qui venait d’avoir 18 ans, l’a reprise. Un ingénieur, qui créait son bureau d’études, m’a embauché, et m’a lancé dans les immenses chantiers d’équipement. Quand je suis devenu conseiller général, j’ai senti qu’il me fallait devenir indépendant, et je me suis lancé dans l’aventure comme ingénieur-conseil. J’ai introduit dans la région l’arrosage goutte-à-goutte. J’ai développé mon cabinet, l’ai animé pendant près de vingt ans, puis l’ai cédé à mes cousins et associés.
En 2002, j’ai été élu, de nouveau à la surprise générale, à l’Assemblée Nationale. Je n’y ai jamais voté le contraire de ce que je pensais.
Quand j’ai eu la conviction que l’État reniait des engagements très importants vis-à-vis d’une région entière, et qu’il enlevait aux territoires leurs services publics, je me suis levé dans l’hémicycle et j’ai lancé le chant Aqueros Mountagnos, interrompant le Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy à l’époque, en pleine séance des « questions d’actualité ».
Quand on a voulu arracher à ma vallée une usine prospère, que nous avions consacré tant d’énergie à développer, j’ai jeûné 39 jours dans la salle des « Quatre Colonnes » de l’Assemblée nationale, j’ai perdu 32 kilos, jusqu’à obtenir l’accord nécessaire des industriels et de l’État. Je ne supportais pas que notre industrie s’effondre ou se délocalise dans le silence et la résignation.
J’ai voulu montrer que le politique peut encore peser, et doit peser, sur les décisions économiques qui déchirent notre tissu social.
Quand j’ai senti qu’après les services publics, après l’activité économique, le lien social et humain entre Français était attaqué, je me suis mis en marche. J’ai entrepris, en 2013, un Tour de France à la rencontre des Français. Neuf mois, plus de 5000 kilomètres, des centaines et milliers de rencontres qui m’ont profondément marqué. Je l’ai prolongé en 2014 par un voyage dans quinze pays d’Europe.
Depuis 2002, je préside l’Association des Populations des Montagnes du Monde (APMM) où plus de 60 pays sont représentés. Je vais en Amérique du Sud, en Asie dans l’Himalaya, en Afrique du Nord ou centrale, pour aider à sauvegarder ces territoires d’exception et la dignité des populations qui y vivent. L’UNESCO et le Conseil de l’Europe ont reconnu l’APMM comme partenaire officiel.
J’ai vécu dans ma vallée, j’ai vu en France et à travers le monde, la mondialisation financière bouleverser notre économie et notre société. Désindustrialisation et chômage, appauvrissement de nos campagnes, guerres du pétrole, paralysie accepté par des politiques aux ordres des marchés financiers. Je ne l’ai jamais accepté. Je ne le supporte plus. Je veux accompagner les hommes et les femmes qui aspirent de tout leur être au changement salutaire. Je marcherai avec toutes celles et ceux qui veulent rendre à la France son indépendance et la maîtrise de son destin. »